Le taskhīr (la servitude amicale de la nature) dans le tasbih cosmique
Mon cœur s’élève. A lui le monde se révèle. Lyre le Coran lui fait lyre le monde. Les merveilles de l’univers continuent leurs conversations. C’est le chant des signes. La signature du créateur que tout l’univers désigne.
Le tasbih continue son chant de transcendance. Il est la création infinie qui jaillit de la vie et de la mort créées, qui s’enlacent ; il est le cosmique qui se poursuit, dans l’attraction du mâle et de la femelle qui s’embrassent.
Le tout s’embrase. Le cœur s’enflamme. Cela fourmille sans fin. La diversité qui fuse, témoigne de la science absolue, de la créativité infinie, de la puissance incommensurable et de la sagesse sublime. Un art cosmique à l’état pur. Inaccessible et pourtant si proche. Si superbe et tellement étrange. La peau s’excite comme le cœur dans un concert, comme le cœur en amour. Je suis fan. L’Artiste divin a conquis mon cœur. Allah akbar !
Le chant cosmique de transcendance comprend tout. Nous en faisons partis. Notre relation avec le monde y est comprise. Je bois. Je mange. Je respire. A profusion cela nous est donné. La planète vit d’une vie qui nous accueille, nous, humains. Elle nous choit : l’atmosphère, les fruits, les animaux, tous les éléments de la nature, sont disposés de sorte que nous soyons là où nous sommes et que nous puissions continuer d’exister. C’est une mise à disposition. L’Islam du cosmos et sa célébration de Dieu, dans son chant de transcendance, s’exprime dans sa servitude amicale, « taskhir », envers nous :
« Celui (Dieu) qui a créé tous les couples, dans leur totalité et qui, des navires et des bestiaux, a établi ce qui vous sert de transport. Ce, afin qu’au-dessus vous puissiez monter, en maitrise, puis que vous vous souveniez des bienfaits de votre Enseigneur, lorsque vous en avez la pleine maitrise, disant ainsi, alors : gloire et transcendance à celui qui a mis ceci, pour nous, à notre service (sakhara lana) alors que nous n’avions aucun pouvoir pour les dominer. »[1]
C’est une continuité : le tasbih de tout ce qui existe pour l’Unique, fait l’unité cosmique qui sous-tend à son tour la relation rivalitaire (vivant/mort) et créatrice, qui comprend l’interaction complémentaire (mâle-femelle) créative, qui permet alors la diversité infinie qui se vit dans la « relationalité », qui fonde le « taskhir » divinement voulu de l’ensemble des éléments, qui soutient notre existence et nous fournit en subsistance et en élégance.
C’est une mise en service amicale (taskhîr), « pour vous (lakum), de tout ce qui est dans les cieux et dans la terre, de sa part... ».[2] La nature, ses éléments, les minéraux, les vivants végétaux, insectes et animaux, l’eau, l’air, le feu, la terre, qui sont mis à notre service, ne sont pas nos « choses » à dominer et nous n’en sommes pas les « maitres et possesseurs » absolus. La nature n’est pas l’adversaire de l’humanité qu’elle doit soumettre, ni son seigneur à adorer et dans lequel elle se dissout, ni non plus une simple ressource à exploiter sans vergogne, ni sens des limites (al-hudūd). Ce sont, les éléments de la nature et toutes les créatures, nos partenaires cosmiques, qui participent eux aussi au chant de transcendance, à la prière universelle de l’ensemble pour leur créateur, avec leurs partitions spécifiques, dont fait partie la servitude amicale envers l’humain et la réponse à ses besoins physiques et psychiques.
C’est cette osmose d’ensemble, dans lequel nous sommes, et qui n’est pas chose nécessaire, car le monde peut nous être hostile et voir les éléments se déchainer contre nous. C’est cette osmose disions-nous, qui explique notre capacité à tirer de la création ce dont nous avons besoin et de nous trouver en réelle congruence spirituelle, intellectuelle et artistique avec elle.
Le « taskhir », issu du tasbih, c’est la chaine de l’interdépendance cosmique, la reliance de la générosité créative où chaque chose contribue à l’ensemble qui contribue à chaque chose, qui s’incarne dans cet « assujétissement », cette mise en servitude amicale qui nous environne.
Mais ce taskhir a trois niveaux : ll peut être « avec » (taskhīr ma’a), il peut être « pour » (taskhīr lahu), et enfin « contre » (taskhīr ‘aleyhi). Cela pique ta curiosité n’est pas ? Des liens se font-ils avec ce que tu observes dans notre monde ? Ne t’inquiète pas. Nous en parlerons au moment venu. Continue de « lyre ».
Magnifique visions du Monde qu’induit la conscience de Dieu! Une belle porte de sortie que l’on se doit de proposer à la civilisation actuelle, qui nie Dieu, et qui se retrouve coincé entre fin (faim) du monde et fin du mois (moi)!