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La Religion cosmique au service de la civilisation humaine

Dernière mise à jour : 7 déc. 2022


Notre monde a besoin de se dépasser. Les crises qui se succèdent et s'amoncèlent montrent chaque jour ce besoin. Notre modèle de civilisation doit trouver la voie de son dépassement au risque sinon d'une dégringolade de l'humanité, dans l'entropie sociale et la destruction de notre environnement naturel et culturel.


Or notre imaginaire est bloqué. La promesse du "un autre monde est possible" est rendue impossible en raison de l'empêchement spirituel et cognitif qu'impose à nos esprits, ce dernier totalitarisme du modernisme qu'est le néolibéralisme. C'est cet empêchement cognitif, ce blocage de l'imaginaire, cette cage spirituelle, partagé par ce système et ses "alternatives" (post)modernistes (communisme, socialisme ou écologisme), qui tente de réduire le champ des possibles à ses limites passées et présentes, que l'humanité doit dépasser. Nous avons besoin de révolution, de création, en fait de révélation.


C'est pour permettre ce dépassement et lui donner ses conditions spirituelles et intellectuelles que s'écrit le présent texte sur la Religion, ainsi que les suivantes sur sa version cosmique à réaliser.


Oui, nous parlons de Religion, quand il est question de sortir du cadre, d'embrasser l'horizon, de réinventer le monde et désobéir aux puissants et aux "religieux" (des médias ou des temples) qui les soutiennent. Il est toujours question de spiritualité, de foi et de poésie, quand dans la nuit, dans la chrysalide, dans la tombe, doit se penser l'aurore que tout dément, le papillon que tout dénigre et la vie que tous espèrent mais que tout détruit.


Revenir au questionnement fondamental de l'humanité


Pour ce faire, pour ce dépassement créatif, d'où pourra émerger un autre projet de civilisation à dimension cosmique, la question qui fonde toute la civilisation humaine et qui caractérise l'humanité en tant que telle, doit être reposée. Celle-ci est à la fois religieuse et philosophique. Cette question primordiale la voici : Pourquoi y-a-t-il un monde au lieu de rien ? Quel est le sens ultime de l'existence ? Que veut de nous et du monde ce Sens ultime de l'existence?


Evidemment, ces interrogations partent d'un principe logique qui s'impose à la raison humaine: la causalité qui dit que toute chose dont l'existence n'est pas nécessaire, a nécessairement besoin d'une cause. Or ce monde, son ordre et notre existence ne sont pas nécessaires. Ils auraient pu ne pas exister et ne sont pas, en conséquence, le principe et la cause de leur existence. Alors pourquoi et comment existent-ils? C'est le point de départ et la source commune de la Religion (qui part du pourquoi vers le comment du monde), de la Philosophie (qui part du comment vers le pourquoi du monde) et de l'Art (qui nait de l'émerveillement spirituel et de l'étonnement philosophique sur le monde et son au-delà).


Cette question de fond, tapi au creux de toutes les consciences, est celle de toute la Religion, de toute la Philosophie, de toute poésie, de tout art et de toute création. C'est le sol premier et existentiel de la pensée humaine. La Religion et la Philosophie sont ainsi, ici, les deux faces d'une même quête de sens que la Religion cosmique comprend. Empêcher leur relation et vouloir les séparer, les confondre et les opposer, c'est empêcher le dépassement et la création. C'est maintenir l'ordre des choses. C'est défendre l'ordre établi actuel et son entropie acosmique qui uniformisent et séparent.


Tout renouveau, tout changement, toute réforme, toute révolution, toute création est au fond issue de cette question fondamentale et primordiale, et de sa révélation, qui relient sentiment spirituel et logique rationnelle: "pourquoi le monde? pourquoi ce monde? vers où ce monde?"


Ne pas y revenir sérieusement, c'est empêcher le remplacement et le dépassement du système actuel et sa crise multidimensionnelle, qui, dans l'illusion de sa toute puissance, ne croit pas en son au-delà et se pose comme sa propre fin. C'est pour cela que tout est fait pour nous divertir et nous détourner de ce questionnement de fond.


De l'origine des crises et du dépassement humain


Les limites du système qui gouverne actuellement l'ordre du monde, sont celles de ses réponses sur le sens de l'existence, qu'il réduit à l'ici-bas; à la jouissance immédiate ; à l'ordre naturel déterministe qu'il élargit à l'ordre moral libre ; à la loi du plus fort et de ce qui est ; et à la guerre de tout contre tous. Ces valeurs acosmiques et d'entropie, nées dans la fange de la négation de ce qui transcende le monde (Dieu), nous les voyons transposées dans les champs politiques, sociaux et économiques, et dans les relations entre les sociétés et avec la nature. C'est cela qu'il nous faut de toute urgence dépasser. Pour oser prophétiser, poétiser la Religion cosmique et sa civilisation uni-diverselle, en empruntant à la Création cosmique ses révélations et à la Révélation cosmique ses créations. Nous devons repenser l'Idée de Dieu et de l'Homme, et leurs relations, dans leur dimension cosmique, au-delà de la modernité et de la tradition qui les opposent pour les confondre, et en fin de compte annihiler l'humain.


Je sais. Il y a ici beaucoup de nouveaux concepts. Nous aurons l'occasion de les expliciter dans les prochains écrits. Mais on ne change pas le monde sans recréer les mots. Revenons pour l'heure, à notre projet de dépassement et à sa condition religieuse et spirituelle, qui tient dans cette question primordiale: y a t-il une transcendance? L’existence a-t-elle un sens qui dépasse l’ordre des choses ?


Quelle soit positive ou négative, la réponse donnée à cette interrogation première, ne peut être en définitif que de l’ordre du postulat et de la foi. Bien que la science, enclenchée par elle, doit être mise à contribution pour sortir de la naïveté de l'observation immédiate et des réponses héritées. Nous disons ici que la négation du transcendant (l'athéisme ou la déligion) est une croyance, au même titre que le témoignage en faveur de son existence. Ce, du fait qu'il s'agit en fin de compte d'un choix morale libre d'adhésion ou de négation. Car ce qui est déterminé en nous, c'est le questionnement et non la réponse. Or, nous le devinons aisément, les conséquences ultimes quant au rapport au monde, à la vie et à l'humain, que nous apporte l'une ou l'autre réponse choisie, seront radicalement différentes voire opposées.


La première réponse, le oui à la transcendance, est ce qui conditionnent la sagesse et la science de l’Homme. Car chercher à comprendre le sens et l’ordre du monde, au-delà de la routine des changements et répétitions, exige le postulat philosophique et la foi religieuse en l’existence de cet ordre et du sens qui le sous-tend. Cela est, nécessairement, avant toute recherche et toute action. La foi précède la science et la conditionne.


Ainsi la science, la sagesse et la création, l’humanité de l’homme en somme, ont débuté par cet acte de foi en l’existence d’un au-delà de l’ordre naturel, qui permet de le transcender et de l’ordonner, et dont le langage humain et son esprit en sont le signe. C'est notre existence "bi-dimensionelle", à la fois spirituelle et matérielle, qui nous donne l'intuition et l'expérience d'un au-delà du monde. Sans cela, sans ce point de départ logique et sentimental, l'art et la science, la religion et la philosophie, la civilisation en en somme, sont impossibles.


La seconde réponse, négative, celle du non à la transcendance et à l'existence en nous d'une dimension spirituelle, est quant à elle dépendante, et n'existe en réalité, qu'en rapport et en opposition à l'idée du transcendant et à la réponse positive quant à son existence. C'est parce qu'il y a cette idée en premier, et l'adhésion à celle-ci, que la négation et le reniement de Dieu et du spirituel sont possibles par la suite. Car rien ne débute et n'existe dans la négation pure. L'athéisme a besoin de la foi en la transcendance pour exister.


Or si cette réponse négative, si ce reniement de la transcendance va au bout de sa logique, elle ne peut être qu’anéantissement de la sagesse, qui est questionnement sur le sens du monde qui est au-delà; et limitation de la connaissance, qui est questionnement de l'ordre du monde qui le dépasse. Ce, en réduisant celui-ci à l'ordre des choses, au sensible, en s'y limitant. C'est alors le sens, la science, la conscience, la dimension symbolique et spirituelle que nous vivons tous, le questionnement profond qui les fonde et le dépassement qui les signale. C'est tout cela disions-nous, qui fait de l'homme un humain, qui se trouve ici détruit. Le questionnement c'est le dépassement. Et le dépassement c'est la création. Et il n'y pas de création sans transcendance.


La religion, la philosophie, l'art, la morale et la science sont les enfants de ce questionnement et dépassement humain sur et vers la transcendance et son sens. Ainsi, l’humanité primordiale est née de cette question fondamentale et de la réponse première, positive et incontournable en faveur de la transcendance, qui lui fut donnée en amont de sa quête, pour qu’elle se réalise, en aval, en conscience, élévation, révolution et création. Mais à cela, immédiatement, comme l’ombre naissant de la lumière, vient s’opposer l’acte de foi négatif, le reniement du divin, en réduisant son idée à l'ordre naturel ou à l'ordre social. Ce qui conduit au reniement de l'humain, en opposant sa part terrestre à sa part spirituelle, dans sa réduction à l'une ou à l'autre de ses dimensions.


C'est cela qu'est l'idolâtrie. C'est à dire la divinisation de l'ordre naturel et social, la transformation des moyens en idéal, la limitation de l'existence à ce que l'on sait, à ce que l'on peut, à que l'on a et à ce que l'on est. C'est la tyrannie des sens et du non sens. Aucun dépassement n'est alors possible, car le sens du monde se limite à lui-même. Rien de transcendant ne le guide. La création s'estompe car tout se répète, s'imite et se limite. C'est cette idolâtrie, en réalité, qui gangrène la Religion et la Civilisation, telle l'entropie qui dévore le cosmos au profit du chaos, si ce n'était la supériorité constamment renouvelée de l'ordre cosmique, qui intègre et dépasse le chaos.


Le maintien, l'évolution et la recréation de l'univers, qui l'empêche de s'écrouler sur lui même et de se disperser dans l'entropie, ne peuvent être expliqués par l'univers lui même. Car les conditions de son existence et de sa pérennité ont précédé son existence. Tout comme la civilisation, son maintien et son renouveau constant, pour ne pas s'écrouler, ne peut se tenir sans le principe cosmique et transcendant de l'univers lui-même, dont l'humanité fait partie.


L'oublie de ce principe absolu et transcendant, par reniement athée ou par réduction panthéiste ou matérialiste (c'est le même résultat naturaliste en définitif) est la source, vous le comprenez, de toutes les crises qui assaillent l'être humain individuellement et collectivement. Et c'est ce qui est à la base des déviances du système qui gouverne aujourd'hui le monde. Car il est fondé sur l'idée que le monde n'a pas de sens qui le dépasse et vers lequel il peut et doit se dépasser. Ce sont ces soubassements religieux puis philosophiques qui sont à questionner et remplacer.


Au-delà des religions, qu'est ce que la Religion?


Par contre, le maintien et renouvellement de son souvenir (la transcendance) ainsi que de notre relation avec lui ( c'est l'origine du culte et de l'adoration), au-delà de tout, par tout et en tout, pour donner et rappeler à l'homme son sens et son but cosmique, est l'enjeu et la finalité même de la Religion. Elle vient répondre à la question existentielle fondamentale de l'homme, de manière à le rassurer, à l'apaiser, à le guider et à l'éduquer. Quel est le but du monde? Quel est le but de l'humain? Que veut le créateur? Comment se mettre en relation avec lui? Comment bien vivre et bien mourir? L'erreur de jugement est ici fatale pour la civilisation.


La réponse à ses questions est le contenu même de la Religion, en tant que sagesse de l'amour et elle est la quête même de la philosophie, en tant qu'amour de la sagesse. Elle est la base du dépassement que notre génération doit enclencher. Or l'insuccès de nos révoltes provient du fait qu'elles restent en surface et en réaction, et ne portent pas en elle un projet universel qui s'enracine dans un renouveau et un dépassement spirituel et philosophique. Elles ne se transforment pas en révolution, car elles restent dans le paradigme du système qu'elles dénoncent.


Ce questionnement religieux et spirituel (puisqu'il concerne le sens de l'existence), son renouvellement créateur, et le manque dont il est le signe, sont la caractéristique même de l'être humain et dont le renouveau est celui de l'humanité elle même, dans le sillage de la création cosmique. La Religion en tant que réponse qui apaise et guide, est issue, en amont, en graine, de la quête de sens de l'humain et de son questionnement profond sur le sens du monde et de la réponse qui lui révèle ce Sens ultime. Annuler ce questionnement et son élan vers le transcendant c'est annihiler l'humain et le réduire à son animalité.


La Religion, indépendamment de ses incarnations historiques, c'est la révolte incessante contre l'ordre des choses, au nom du Sens de l'ordre. C'est l'existence et l'être, en l'Homme, qui se dépassent, de la conquête de la subsistance pour survivre, à la quête de sens pour vivre, qui l'englobe, l'oriente et l'accompagne. C'est la réponse donnée à cette quête de transcendance par le transcendant lui-même, et la relation qu'elle offre à l'homme avec le divin qui le fait devenir humain. Cette relation est une relation de reconnaissance (dans les deux sens), d'amour, d'abandon de soi et de crainte révérencielle qui, ensuite, raffine la nature humain, la développe et l'exalte, pour irradier tous les domaines de l'activité humaine, qui se développe alors dans un sens cosmique relationnel et rationnel. Telle est la Religion. C'est à dire la sagesse de l'amour (spiritualité) qui répond à l'amour de la sagesse (philosophie), en son fond, au-delà de ses actualisations historiques circonstancielles, falsifiées ou dépassées.


Toute l'histoire symbolique de l'humanité (philosophie de la Religion) et sa réalisation politique dans l'espace-temps, (philosophie de l'histoire), n'est que le déploiement de cette graine, de cette quête de sens, imbriqué dans la quête, toute aussi vitale, de la subsistance, à travers les formes successives que la Religion prendra, selon la communauté concernée et l'étape de l'humanité dans sa conscience et civilisation.


Ce sont ces formes successives et leurs étapes à un moment de l'histoire et pour des communautés particulières, que l'erreur théorique sur la Religion et le religieux, de la part des spécialistes, des religieux et des athées, nomment "religions". Là où il s'agit plutôt de différences de lois et de voies (sharia). La Religion est unique en son fond et ses finalités. Ce sont ses formes qui différent et sont multiples; tout comme l'Humanité dans la diversité de ses actualisations est unique; tout comme la civilisation humaine, qui comporte plusieurs formes culturelles, est en réalité une. L'erreur est dans le fait de confondre le principe avec ses règles et leurs applications, qu'il dépasse nécessairement.


La Religion, la Philosophie, l'Humanité et la Civilisation attendent aujourd'hui leur dimension cosmique et le dépassement, en conséquence, de la globalisation néolibérale (post) moderniste, devenue acosmique, dans son incapacité à remettre en cause ses postulats naturalistes et matérialistes sur le sens du monde; et à dépasser sa conception oppositionnelle, unidimensionnelle et guerrière du divin, de l'humain, de la nature, de l'histoire et de leurs "relations". C'est la modernité occidentale qu'il faut ici dépasser.


C'est ainsi qu'il nous faut, pour sortir de la crise totale que nous rencontrons, renouveler, changer, remplacer, réformer et recréer notre projet de civilisation, aller-revenir vers les questions fondamentales et fondatrices de l'aventure humaine, au-delà des réponses et formes circonstancielles des religions et idéologies, vers la Religion cosmique et universelle, qui est en amont et en aval de cette aventure.


Mais qu'est-ce que la Religion cosmique? Qu'est-ce que l'acosmisme? Qu'est ce que le Cosmisme? Qu'est ce que la déligion? Quelle théorie de la Religion peut comprendre la diversité religieuse, culturelle et ethnique, le caractère provisoire de ses réalisations et étapes, ainsi que la déviance des religieux et la falsification possible de son contenu, tout en prônant l'unité de l'humanité et l'idée d'une Religion universelle? Quelle conception cosmique avoir du Divin, de l'Humain, de la Nature, de l'Histoire et leurs relations? Quel projet de civilisation cosmique proposer, pour dépasser l'actuel ordre mondial acosmique et insensé? Où trouver la révélation de ces réponses? Et quels obstacles religieux/déligieux, cléricaux, idéologiques et sociaux se dressent contre un tel projet?


Répondre à ces interrogations sera la quête de mes prochains écrits sur ce sujet, si Dieu le Miséricordieux me le permet.





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