top of page

Le concept de civilisation en Islam et ses enjeux à l'heure de la globalisation néolibérale

Dernière mise à jour : 25 nov. 2022







La globalisation néolibérale atteint ses limites. Celles-ci sont écologiques, économiques et sociales. Son modèle est en crise. Cette crise est globale et multidimensionnelle. Elle touche, en ses conséquences, les conditions mêmes de la vie biologique-écologique et symbolique-religieuse de l’humanité.[1] C’est une crise civilisationnelle. Une crise qui demande à ouvrir les vannes de l’imagination pour un autre modèle, un autre projet de civilisation, en dehors des cadres actuels de penser. Il faut penser au-delà.


Mais nous sommes dans ce « clair-obscur » dont parlait Gramsci. L’ancien monde se meurt, le nouveau tarde à venir, et dans cet entre-deux surgissent les monstres du « nostalgisme » identitaire et du présentisme conservateur.[2] Il nous faut pourtant penser au-delà de ce « clair-obscur », de la « fin de l’histoire » [3] qu’elle décrète et du « clash des civilisations » qu’elle scénarise.[4]


C’est donc le modèle de civilisation qui commande nos interactions avec la nature et la société, qui est à questionner en profondeur, en sa vision, en ses paradigmes, si nous voulons sortir de l’impasse actuelle de nos imaginaires. C’est le rôle de la philosophie, de la poésie et de la spiritualité. A ce niveau-ci de questionnement, les oppositions factices s’estompent.


C’est dans ce sillage que vient s’inscrire le présent article[5], dédié à la notion de civilisation dans la vision islamique et son héritage.[6] Quelles sont donc les significations et implications du concept de « civilisation », traduit en arabe par les termes « ‘Umrân » et « Hadâra », telles que portées par la vision coranique du monde, étudiée à partir des concepts khalduniens qui s’en inspirent ? Comment, par la réponse à ces questions, donner à la réflexion sur la civilisation et sur notre modèle, un élan universellement libérateur et cosmique ?


Le sens des mots-concepts : « ‘Umrân » et « Hadâra »


Vous avez la traduction en arabe du terme civilisation. Voyons ce qu’elle recouvre conceptuellement. Ce qui nous servira de base pour saisir la conception coranique puis khaldunienne de la civilisation. ‘Umrân tire son sens de la racine « ‘A.M.R ». Celle-ci renvoie à la vie (‘umur, ‘umar), à la vitalisation (al-isti’mâr), à la vie qui naît de l’habitation humaine et les transformations que cela entraîne dans un lieu (ta’mîr). Et c’est cela, l’« isti’mâr », la vitalisation de la terre, qui est explicitement donnée par le Coran comme mission de l’être humain, avec celle de la lieutenance (al-istikhlâf) en tant que but de sa création, comme nous en parlerons un peu plus loin. Ce concept deviendra central dans la philosophie d’Ibn Khaldûn et sa théorie de la civilisation (‘umrân) et de la société (idjtimâ’). Nous y reviendrons.


Quant au mot « Hadâra », plus souvent mis en équivalence avec le terme de « civilisation », il a pour étymologie les lettres « H.D.R », qui renvoie principalement à l’idée de présence, et sur le plan anthropologique et social, à la sédentarisation et à la vie citadine, au sein d’un ensemble social plus vaste et plus complexe que celle de la vie nomade. Vous l’avez compris, cela s’oppose à la vie bédouine que le Coran fustige en partie, en raison des difficultés d’ordre éducatives, psychologiques et sociales des bédouins pour vivre dans des communautés symboliques vastes et non claniques et sous une loi universelle.[7] De même, toujours dans le Coran, il est indiqué que les Prophètes ne sont envoyés que dans les cités. C’est-à-dire dans les grandes collectivités ayant une expérience civilisationnelle avancée.[8]


La civilisation, l’« ‘Umrân » et la « Hadâra » recouvrent ainsi la même réalité : il s’agit du « mode le plus élevé de regroupement et le niveau le plus haut d’identité culturelle dont les humains ont besoin pour se distinguer des autres espèces ».[9] Et c’est aussi une évolution dans les conditions de vie et d’existence : de primitive, c’est-à-dire proche de la nature « pour progresser dans les domaines des mœurs, des connaissances, des idées ».[10]


Mais pour quelle raison donc, une révélation, le Coran, une religion, l’Islam, qui parle à première vue de Dieu et de son adoration par l’être humain, s’intéresse-t-il tant, consciemment, au sort de la civilisation humaine ?




Quelle vision du monde et de l’Homme le Coran défend-il ?


L’Islam, à travers sa source principale qu’est le Coran, donne en effet à la création et à la nature de l’être humain le but et la définition suivante : l’être humain est, en tant que tel, le Khalife[11], c’est-à-dire le lieutenant, le vicaire, le gérant de Dieu sur terre. Et sa mission de lieutenant est de vitaliser, coloniser, civiliser (isti’mâr)[12] le terre dont il est issu, selon les principes de cette lieutenance. C’est là le type et le contenu de son adoration (‘Ibâda)[13], le sens de son initiale dignité (karâma) et celle en conséquence de tous les enfants d’Adam (femmes et hommes)[14]. Et c’est aussi la raison pour laquelle il fut doté, par l’esprit (al-Rûh) en lui insufflé[15], de la liberté, de la volonté et de la science.[16] C’est en conséquence de cette mission et de dignité intrinsèque que l’univers entier, la nature, est mis à sa disposition amicale (taskhîr lakoum) sans qu’il n’en soit « le maître et possesseur ». L’action de civilisation est ainsi un dépôt de confiance (amâna) qui lui est confié[17] et sur lequel il rendra des comptes dans la manière dont il assurera la gestion de la terre et de sa vie, soit dans le bien, soit dans le mal, individuellement et collectivement. Dans une telle vision, planter un arbre, aimer sa chérie et le beau ou encore fonder et conduire une cité dans la justice, participe éminemment de l’adoration (al-‘ibâda) dédiée au divin, au même titre que les rituelles religieux.


Un autre élément à saisir dans la conception coranique de l’existence: l’univers physique et l’univers historique, au même titre que l’univers de la révélation, portent des signes (ayat) qui interpellent ensemble l’intelligence.[18] Et la création entière y est considérée comme un espace de précision et de rigueur (taqdîr) à observer, à contempler et à comprendre[19] ; et l’histoire est comprise comme l’expression de lois (sunan) qui ne changent pas[20] et que les « enracinés dans la science » saisissent et prennent en compte dans la conduite de leur vie et de la société.



Quel lien avec l’action et le projet de civilisation ?


Cette conception du monde, de l’être humain et de la civilisation, dans lequel doit se réaliser ensemble l’istikhlâf (la lieutenance) et l’isti’mâr (la vitalisation de la terre), sera philosophiquement posée de façon systématique, par le premier théoricien de la civilisation de l’histoire, le philosophe et savant Ibn Khaldûn. [21] C’est ainsi qu’il dédiera sa Muqaddima (les prolégomènes) à cette nouvelle discipline qu’il nomme « ‘Ilm al-‘umrân al-basharî wa al-idjtimâ’ al-insâni » (science de la civilisation-vitalisation de l’homme et de la société humaine).


Dans cet ouvrage, le philosophe veut établir l’histoire, à l’opposé des philosophes grecs, comme science fondatrice qui, dépassant l’écume des histoires et récits racontés, va s’intéresser à l’histoire longue et profonde où se cachent les lois et règles de la société humaine et de son fonctionnement.[22]


Le titre de l’ouvrage mériterait qu’on s’y arrête, car il définit et synthétise le projet du livre et la nature de la nouvelle science qu’il veut fonder. Il est en deux parties. C’est la science de :


1) al-‘umrân al-basharî- de la civilisation de l’homme.

2) Wa al-ijdtimâ’ al-insâni- et de la société humaine.


La traduction est imparfaite. Mais nous avons tenté de mettre en lumière le caractère bidimensionnel de la conception khaldunienne de la civilisation et la science qu’il lui dédie. Tout d’abord, bien que parlant d’êtres humains, il distingue la qualification « bachariy » (du fait de l’homme) de celle de « insâniy » (du fait de l’humain), qui recouvrent pourtant la même réalité de groupements humains. Autre distinction apportée par ce titre : celle de « ‘umrân » qualifié de « bachari » (qui participe de l’homme) et celle de « idjtimâ’ » qualifié de « insâniy » (qui participe de l’humain). Pourquoi cette dualité ? Pourquoi ces qualificatifs différents ? Pourquoi ce caractère bidimensionnel ? Sont-elles fortuites ou traduisent-elles une définition profonde et pointue de la réalité civilisationnelle ? Cette science est-elle universelle ou régionaliste et arabe ?


Pour Ibn Khaldûn la société a pour cause le besoin physiologique et psychologique de l’humain d’être avec ses semblables pour répondre à ses besoins. Besoins physiologiques biologiques et besoins psychologiques symboliques qu’il ne peut combler seul et qui soutiennent, quand ils sont comblés la vie individuelle, sociale et civilisationnelle.[23] C’est l’interaction entre échanges matériel-biologiques et relations sociale-symboliques, à l’intérieur de groupes humains importants et entres les communautés, dans leurs complexifications mutuelles, forment la civilisation.


Ainsi, l’« ‘Umrân al-bachariy » concerne les modalités matérielles et techniques de la civilisation, pour répondre aux besoins physiologiques-biologiques ; et l’« Idjtimâ’ al-insaniy » concerne les voies culturelles et symboliques-religieuses de la civilisation pour répondre aux besoins spirituels et sociaux. Et la nouvelle science d’Ibn khaldun étudie les principes et lois qui fondent et commandent la conduite des sociétés humaines et de la civilisation dans ses deux dimensions et leurs interactions et impacts mutuels, au-delà des particularismes culturels et géographiques.


Le pouvoir politique et le pouvoir économique, en tant que science de la production et de la redistribution des richesses, ainsi que de la préservation et transmission du patrimoine et enfin de la gestion des échanges intra et intercommunautaires, sont au cœur de l’Umrân ; alors que l’éducation et la culture, en tant que science et art de l’institution de l’humanité en l’homme, de la transmission des savoir-faire et de la mémoire, de la créativité artistique et scientifique et des relations symboliques et culturelles, sont au cœur de la l’Ijtimâ’.


Et l’ensemble de la théorie khaldunienne de la civilisation se trouve dans le déploiement et l’évolution de la civilisation humaine en ses deux versants (al-‘Umrân et al-Ijtimâ’), de la vie nomade simple et plus proche de la nature, à la vie citadine plus complexe et plus proche de la culture.


D’où vient que la civilisation s’écroule ?


Pour Ibn Khaldûn, le phénomène de la civilisation est lié intrinsèquement à la nature et mission de l’être humain : « l’être humain est président, chef (raîs) par nature (bi tâbi’hi) en raison de la lieutenance (istikhlâf) pour laquelle il fut créé ».[24]Cette définition khaldunienne de l’être humain présente un grand intérêt pour le débat philosophique contemporain : elle est à la fois philosophique et religieuse, naturaliste et métaphysique et nous fait sortir ainsi de l’opposition/ uniformisation inféconde et tribale/tripale entre besoins temporels et besoins spirituels. Elle dit que l’être humain est soumis à l’ordre naturel et sa nécessité, et qu’en même temps il s’en libère en le dépassant par la volonté, la liberté et la raison, grâce à l’idéal divin, le besoin de sens et son manque qui l’habite et par lequel il recrée le monde.


C’est dans la réduction de l’homme à une seule de ses dimensions et dans le reniement de l’autre, que l’aliénation des individus et la destruction de la civilisation ont lieu, plus particulièrement quand les « significations de l’humanité » (ma’âni al-insâniyya) (autre concept khaldunien) sont corrompues. Or cette corruption, réduction et aliénation se fait à travers la violence exercée dans l’éducation (l’institution symbolique) et dans la politique (l’institution temporelle). Ce qui enlève aux individus qui subissent ce sort tout goût pour l’autonomie, la création, la protection de soi, des siens et de ses biens. [25] [26]


Ibn Khaldûn lie la corruption (fasâd) des significations de l’humanité avec le fait d’être moralement faible, incapable d’agir par soi, d’être à la charge d’autrui et de n’avoir aucune force ni motivation pour se défendre et défendre les siens (l’ijtimâ’) et ses biens (l’umrân). C’est-à-dire que cette « corruption des significations de l’humanité » détruit la nature de l’homme (il n’est plus chef mais asservi) et le détourne du but de sa création (la lieutenance et la civilisation) en faisant un moyen. Il perd ainsi sa dignité d’homme.


Ainsi, la religion et l’éducation (qui sont au centre de la dimension symbolique de la civilisation et en sont le but) comme la politique et l’économique (qui sont au centre de la dimension materiel de la civilisation et en sont le moyen), dans la théorie de la civilisation dans le Coran et chez Ibn Khaldûn, donnent aux personnes comme à la collectivité les moyens de réaliser « cette présidence et lieutenance » de l’homme en l’instituant en lui, pour qu’il soit souverain et libre, et à travers l’institution de communautés qui permettent et renforcent cette souveraineté, et celle de l’Etat qui la concrétise vis-à-vis des autres collectivités et la défend. Or la civilisation s’écroule quand les ressources naturelles-économiques et les sources symboliques-culturelles, qui conditionnent la vie humaine et la civilisation, sont accaparées et détournées au profit d’une minorité ou d’une classe. Cette accaparement et détournement qui se fait par la violence symbolique (qui instaure l’autorité cléricale et sa prétention au savoir absolu) et politique (qui impose le pouvoir absolu de droit divin), met le reste des populations dans une situation de dépendance morale et politique, qui les soumet et nie les « significations de l’humanité » qui sont en eux, pour les déshumaniser, réduire ainsi la vitalité créatrice et détruire la civilisation.


Ce sont ces éléments que le Coran met en exergue dans pratiquement toutes ces sourates. Ce, dans la critique qu’il établit, d’une part des anciennes cités-civilisations, qui séparaient la vitalisation-colonisation (isti’mâr) de la terre, des principes symboliques de la lieutenance (istikhlâf) sur terre. Ce qui détournait /détourne la politique de son sens et en faisait/fait une politique de destruction ; et d’autres part, la critique des communautés religieuses et de la séparation-opposition qu’ils faisaient entre la lieutenance spirituelle-symbolique et la civilisation de la terre, se détourant ainsi des moyens de concrétisation des principes. Ce qui détournait/détourne la Religion de son sens, et en faisait une religion de la duplicité et de l’abandon au profit de la tyrannie.


Quel apport théorique face à la crise actuelle de civilisation ?


Revenons à ce par quoi cet article débuta : la crise de la civilisation humaine sous l’égide de la globalisation néolibérale. La défaite du modèle communiste en 1991, avec la disparition de l’URSS, amena deux types de considération sur la/les civilisation(s), en apparence opposées, mais en réalité concordantes :


- Soit on considère la civilisation comme un fait unique, au-delà des particularismes, dont la civilisation occidentale et son modèle de démocratie de marché, est l’ultime et dernière forme. Et c’est « la fin de l’histoire », proclamée par Fukuyama. Le principe général se confond avec son application particulière.


- Soit on considère les civilisations par les traits particuliers qui les caractérisent, et on les juge irrémédiablement opposées, sans dénominateur ou principe commun. Et le rétrécissement du monde, devenu village planétaire, ne fera qu’exacerber les rivalités et conflits entre blocs civilisationnels concurrents. Et c’est le « clash des civilisations » défendu par Samuel Huntington. [27]


Les deux thèses, nous le voyons, sont une négation en principe ou en action, à la fois de la diversité et de l’unité de la famille humaine et du monde. Et elles ont pour conséquences intellectuelles et cognitives d’empêcher toute forme de réflexion créatrice en dehors et au-delà des cadres de la pensée et de l’expérience occidentale, perçues comme absolues et/ou devant éliminer les autres. Par ailleurs, cette « encapsulement » historiciste (d’inspiration hégelienne) se double d’un autre enfermement, cette fois naturaliste, (d’inspiration spinoziste) qui consiste à fondre et diluer le phénomène humain dans les seules lois de la nécessité naturelle et rationnelle : c’est le sens de la logique concurrentielle et guerrière qui, de l’univers économiste capitaliste, envahit toutes les sphères de l’activité humaine, venant s’ajouter à la logique mécaniste et déterministe du scientisme.


Du point de vue de l’Islam, la civilisation, comme d’ailleurs la Religion et en conséquence la Philosophie, est une. Elle est celle de l’humanité entière. Et les cultures, nations et communautés sont des applications circonstancielles et relatives, des expériences qu’il faut corriger et améliorer à l’aune des principes universels et permanents. De ce point de vue coranique, si la vérité existe, son incarnation totale et absolue dans ce monde n’est pas possible ni divinement voulue.[28] Et les divergences religieuses et philosophiques seront réglées auprès de Dieu, dans l’au-delà.[29]La diversité religieuse, la diversité des cultures, la diversité des ethnies sont quant à elles vues comme l’expression de la grandeur de Dieu et des merveilles infinies de sa création qu’il faut accepter et apprécier.[30] L’émulation vers le bien[31] et l’entre-connaissance[32], au-delà de la simple tolérance, sont alors proposées comme la voie, la seule, de réaliser à un niveau universel, la mission de lieutenance et de civilisation qui est confiée à l’ensemble de l’humanité.


La civilisation, ici, n’est pas réduite à l’expression d’une époque, d’un peuple ou d’une aire géographique, tout comme son principe, son unité, n’est pas explosée par la multiplicité de ses réalisations. Les civilisations sont l’expression et les exemples d’une seule civilisation, celle de l’humanité qui doit atteindre sa maturité cosmique, dans une « reliance » qui, dépassant la modernité en intégrant ses acquis, pourrait refonder l’aventure humaine sur la (ré)conciliation du Divin, de l’Humain et de la Nature, après avoir donné à l’idée de chacun de ces pôles de l’existence, leur dimension cosmique ainsi qu’à leur relation. Il s’agit de sortir du tribalisme barbare (identitarisme, nationalisme, guerre des religions, clash des civilisations etc.) qui continue de gangrener la conscience d’une partie des peuples et des élites et de conduire les politiques menées à l’échelle globale et locale. C’est la porte de sortie que nous offre l’Islam et sa vision sur la civilisation, qui comprend tous les peuples, toutes les cultures et toutes les religions, au nom de l’unicité de Dieu et de l’unité de la famille humaine.




[1] Soit, respectivement, ce qui fonde, nourrit et maintient son existence subjective et ce qui fonde, nourrit et maintient son existence objective. [2] « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ». Antonio Gramsci, Les cahiers de prison, né le 22 janvier 1891 à Ales (Sardaigne) et mort le 27 avril 1937 à Rome, est un philosophe, écrivain et théoricien politique italien. [3] Francis Fukuyama, La fin de l’histoire et le dernier homme, Paris, Ed Flammarion. L’auteur y explique pourquoi le triomphe du capitalisme libéral sur le communisme est à considérer comme l’avènement du modèle ultime et universel pour l’humanité. C’est une notion « la fin de l’histoire » que l’intellectuel américain emprunte au philosophe Hegel, dont nous parlerons un peu plus loin pour caractériser les fondements de l’actuel globalisation et sa mondialisation. [4] Samuel Huntington, the clash of civilisation and the remaking of world order, (le choc des civilisations et la refondation de l’ordre du monde), Paris, Ed Odile Jacob, 1997. L’auteur y développe une théorie des relations internationales après la chute de l’Union Soviétique, ou les de conflits et de fracture ne seront plus d’ordre idéologique mais civilisationnel et culturel. Cette théorie à servit et sert encore de grille d’analyse et d’orientation politique de la plupart des chancelleries occidentales, sous égide américaine, pour justifier le rapport belliqueux entretenu avec le monde musulman et sa politique de lutte contre le terrorisme depuis les attentats du 11 septembre 2001. [5] Article qui publié dans le magazine de philosophie « Paradigme » en son premier numéro.

[6] Nous faisons une distinction entre la vision portée par la révélation (le Coran) et l’héritage musulman (que nous appelons musulmanisme) qui est le fruit humain et relatif de l’interaction entre les musulmans, leurs cultures, leurs environnements et les sources de leur religion. De même que sur le plan philosophique nous faisons la distinction entre la Religion en tant que telle, qui est universelle, et les religions historiques qui l’ont actualisée dans l’espace et dans le temps. Cette distinction, que le Coran effectue, et que nombre de philosophe (Schleiermacher, Kant, Hegel, Otto entre autres) ont tenté d’établir, a pour elle le mérite de ne pas restreindre le phénomène religieux à ses incarnations du moment, de ne pas nous faire tomber dans l’esprit partisan des religieux et de leurs opposants, de saisir les distinctions et principes communs entre les traditions religieuses et de percevoir les éléments de déviance qui peuvent et sont advenus dans l’histoire. Mais un tel sujet, central en philosophie de la Religion, demanderait un article à part. [7] Coran Sourate 49; signe 14 [8] Coran S12; s 109 [9] https://www.cnrtl.fr/definition/civilisation [10] Ibid [11] Coran, S 2; s 30. [12] Coran, S 11; s 61 [13] Coran, S 51; s 56 [14] Coran, S 17; s70 [15] Coran, S 38; s72-73 [16] Notamment celle, fondamentale, de nommer les choses, et donc de leur donner du/son sens, et donc de recréé et de maitriser le monde. [17] Coran, S 33; s 72 [18] Coran, S 2; s 190 [19] Coran, S 6; s 96 [20] Coran, S3; s26 [21]Historien, philosophe, sociologie, juge, enseignant, poète et homme politique arabe (732-808 de l’Hégire, 1332-1406 de J.C. [22] Abd al-Rahmân ibn Khaldûn, Discours sur l’Histoire universelle, al-Muqaddima, trad, Vincent Monteil, ed, Sinbad, Paris 1997. [23] « Les hommes ne se sont réunis en société que pour s’aider à obtenir les moyens de vivre. Ils commencent par chercher le simple nécessaire ; ensuite ils tâchent de satisfaire à des besoins factices, puis ils aspirent à vivre dans l’abondance », Ibn Khaldûn, Discours sur l’histoire universelle, al-Muqaddima. [24] Ibid [25] « Employer trop de sévérité dans l’éducation des enfants leur est très nuisible, surtout quand ils sont encore en bas âge, parce que cela donne à leur esprit une mauvaise disposition (…) ils en sont tellement accablés que leur esprit se rétrécit et perd son élasticité. Cela les dispose à la paresse, les porte au mensonge et à l’hypocrisie (pour éviter le châtiment). Ils apprennent ainsi la dissimulation et la fraude, vices qui leur deviennent habituels et comme une seconde nature. Les significations de l’humanité et qui naissent dans la civilisation et dans la vie sociale, — sentiments qui portent, à repousser les attaques d’un ennemi et à se défendre, soi et sa famille, — s’affaiblissent tellement chez des gens ainsi élevés, qu’ils deviennent incapables d’agir pour eux-mêmes et restent à la charge d’autrui ». Ibid. [26] Lire les excellentes analyses du philosophe tunisien Abu Yaareb al-Marzuki, qui nous ont été d’une très grande utilité depuis plusieurs années pour comprendre la pensée Khaldunienne, dont cet article en arabe : « al-thawratu al-khalduniyya : ma alledhi yahûlu dûna fahmi kunhiha ? ( La révolution khaldunienne : qu’est-ce empêche de comprendre son essence ? ». Source : https://pubhtml5.com/tyji/jqwa. [27] Ces deux concepts ainsi que celui « de religion de la fin de la religion » de Marcel Gauchet sont d’inspiration Hegelienne. C’est la matrice philosophique, selon nous, de l’actuelle globalisation néolibérale (Sino-Américaine) et le coeur du blocage conceptuel dans lequel nous nous trouvons. D’autres analyses dédiées à la pensée spinozienne, hegelienne et Ibn ‘arabienne se chargeront de mettre en lumière le problème de « l’encapsulement » cognitif mystico-matérialiste qu’elles posent et que nous retrouvons dans les sous-bassement de la globalisation néolibérale et ses croyances « écono-mystique ». [28] Coran S10 ; s99 [29] Coran S 22 ; s17 [30] Coran S 30 ; s22 [31] Coran S 5 ; s48 [32] Coran S 49; s13


713 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page